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La guerre d'Algérie et le Cinéma français
22/12/2005 22:46
La guerre d'Algérie et le Cinéma français
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Geneviève : "Nous nous marierons en cachette" Guy : "Oh, tu sais maintenant, ça n'a plus d'importance. Nous avons tout notre temps. Ce matin j'ai reçu cette feuille de route et je dois partir pour deux ans. Alors le mariage, on en reparlera plus tard. Avec ce qui se passe en Algérie en ce moment, je ne reviendrai pas d'ici longtemps".
C'est ainsi que le jeune Guy annonce son départ en Algérie dans Les parapluies de Cherbourg (1964) de Jacques Demy. Ce sont quelques 3 millions de jeunes français qui effectueront leur service militaire en Algérie. Largement occultée par les Français, de quelle manière cette guerre a t'elle été traitée lors des événements par le cinéma ? Nous essayerons de faire le tour de films français qui ont touché de près ou de loin à la guerre d'Algérie entre 1954 et le début des année 70 (Rappel : la guerre d'Algérie débutera en 1954 pour s'achever en 1962 lors des accords d'Evian).
Pendant la guerre, peu de films faisaient référence directement à l'Algérie, si ce n'est pour des décors, sans liaison apparente avec le conflit. Dans Ascenseur pour l'échafaud (Louis Malle, 1958), parle t'on vaguement d'un réseau obscure de la mafia en relation avec l'Algérie (pour être vague, ça l'est!). On peut noter deux exceptions, Adieu Philippine de Jacques Rozier (1960) et Le petit soldat de Godard (1960) dont le sujet est la guerre elle même. Toutefois, ces deux films ne sortiront qu'en 1963, peut être à cause d'une mise "hors champ" des films liés à cette guerre obscure, ou à une certaine auto-censure de la part de quelques réalisateurs.
C'est donc à partir de 1962 qu'un changement d'attitude se fait sentir. Des films reflètant explicitement le conflit ou les problèmes liés apparaissent. Cléo de 5 à 7 d'Agnès Varda en 1962, Le combat dans l'île d'Alain Cavalier en 1964 ou Les parapluies de Cherbourg de Jacques Demy en 1964. C'est souvent alors le risque de l'enrôlement des jeunes hommes qui est en cause. Dans Adieu Philippine, les deux mois de sursis avant l'enrôlement du jeune Michel lui font perdre toute l'insouciance et sa joie de vivre. Dans Cléo de 5 à 7, le jeune Antoine, soldat en permission qui repart le soir même demande à Cléo, prise d'angoisse (à cause de résultats d'un examen médical) : "Si vous étiez en Algérie avec moi, vous auriez tout le temps peur alors ?" et la chanteuse de répondre : "Moi, c'est mourir pour rien qui me désole". Plus qu'une simple réplique, c'est un point de vue plus ou moins général qu'Agnès Varda transcrit. Un sentiment de la plupart des jeunes appelés, se sentant poussés vers un conflit qui n'est pas le leur. Pour Les parapluies de Cherbourg, c'est la guerre d'Algérie qui va briser le couple et les rêves des deux personnages de Geneviève et Guy.
C'est également le problème du retour de la guerre des jeunes appelés, et la difficulté de réadaptation après un conflit violent et dur. Dans Muriel, c'est Bernard, revenu du front qui avoue les tortures infligées à une jeune fille et finit par tuer l'homme qu'il croit responsable, comme pour tuer son passé et les mauvais traitements infligés à la jeune Muriel. C'est donc toujours un regard en France sur la guerre d'Algérie où la France a envoyé ses jeunes hommes pour les transformer.
Film très explicite sur la guerre, dans La belle vie de Robert Enrico, le réalisateur n'hésite pas à utiliser des images d'actualité qui subiront le coup de la censure, déjà présente dans le film d'Alain Resnais Le petit soldat (ou le héros est en plus un déserteur). Godard affirme vouloir dénoncer la torture, parfois occultée par l'opinion publique, alors que les soldats qui reviennent ne la trouvent pas du tout discultable. Godard décide de filmer la guerre vue d'Europe, et notamenent de Suisse où des groupes du FLN agissent en cachette. Il veut montrer "du concret", pas seulement ce qu'on voit de loin, par les journaux, passés par la passoire de la censure. C'est dans un film comme L'insoumis d'Alain Cavalier en 1964 que l'on voit réellement l'activité guerrière où les idéaux, les différences de point de vue et les buts de chacuns sont montrés de manière forte (un jeune soldat participe à des actions pour réunir l'argent nécessaire pour rentrer en France).
Au delà de ce film, il faudra en France attendre les années 1970 pour que le cinéma s'attaque de front à la guerre d'Algérie. Elise ou la vraie vie de Michel Drach dénonce les méfaits du racisme et l'aveuglement d'une certaine gauche. Deux films suivront non sans remous. Avoir 20 ans dans les Aurès de René Vautier (qui devra faire une grève de la faim pour son film) et RAS d'Yves Boisset (qui se verra retirer tout simpleement le bénéfice du film).
C'est la désertion du Sergent Noël Favrelière et d'un prisonnier Algérien qui inspire les deux productions. Cette évasion réussie montre les actions d'un groupe de soldats chargé de récupérer les deux fuyards. C'est cette action qui est controversée, malgré les dires de Vautier qui affirme avoir interviewé 500 appelés et témoins qui sont à même de confirmer la vérité de chaque scène. C'est une sorte de documentaire, lié au concept de "regard caméra" qui est intégré à un film de fiction (même si l'histoire est tirée de faits réels). Mais le cinéaste lui même tente une manipulation de l'opinion, Vautier, communiste avéré, se charge de scinder les discours de De Gaulle en y récupérant le plus "interressant" et recadre quelques scènes.
Des films comme Les parapluies de Cherbourg peuvent paraître bien éloignés de films comme ceux de Vautier, Boisset ou Drach, mais à l'époque, en 1964, il apparait qu'il était impossible d'aller plus loin dans le traitement de la guerre au cinéma. Entre obscurantisme, censure et manipulation politique, la guerre d'Algérie, au delà du cinéma est un sujet délicat qui ne semble pas encore être résolu.
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Les Parapluies de Cherbourg de Jacques Demy
22/12/2005 22:43
Madame Emery et sa fille Geneviève tiennent une boutique de parapluies. La jeune femme est amoureuse de Guy, un garagiste. Mais celui-ci part pour la guerre d'Algérie. Enceinte et poussée par sa mère, Geneviève épouse Roland, un riche bijoutier...
Des films comme Les parapluies de Cherbourg peuvent paraître bien éloignés de films comme ceux de Vautier, Boisset ou Drach, mais à l'époque, en 1964, il apparait qu'il était impossible d'aller plus loin dans le traitement de la guerre au cinéma. Entre obscurantisme, censure et manipulation politique, la guerre d'Algérie, au delà du cinéma est un sujet délicat qui ne semble pas encore être résolu.
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Le Fusil de Bois de Pierre Delerive
22/12/2005 14:09
1961. La guerre d'Algérie à 7 ans. Marc Dallers, futur avocat, arrive en Algérie pour les dix derniers mois de son service. Il est sergent, responsable d'une patrouille. Lagrange est un jeune paysan, attardé mental, incorporé par erreur et dont les papiers de réforme auraient dû arriver depuis longtemps. Mais le lieutenant Morin, officier de carrière, peu scrupuleux, lui a fait confectionner un pistolet mitrailleur en bois peint pour l'utiliser dans ses effectifs sans risquer d'accident. Peu à peu, Dallers se prend d'amitié pour Lagrange...
Réalisé par : Pierre Delerive |
Avec : Samuel Le Bihan, Jordi Molla, Jean-François Garreaud, Philippe Frecon, Yves Collignon, Frédéric Saurel, Tonio Descanvelle, Fabrice Moussy |
"Les difficultés qu'ont les communautés ethniques à vivre ensemble constituent l'un des défis de notre temps. L'ignorance engendre la suspicion, le mépris, la haine. La dissipation de ces préjugés quand l'autre cesse d'être une abstraction est fascinante. C'est un processus craintif de découverte chargé d'émotion, porteur d'espoir. Et lorsque cette remise en question mène à l'amitié ou tout simplement au respect, les démons sont bel et bien défaits. Quand un hommage est enfin rendu à ceux à qui l'on accordait pas une chance, on se sent plus heureux d'être un homme. "Le Fusil de bois" se veut un conte dramatique sur ce thème." (Pierre Delerive)
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Commentaire de Dj Sponk (04/12/2006 18:23) :
sponk.vip-blog.com
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